L'eye-liner

C’est le teint jaunit, le rose poudré sur les pommettes et le bout du nez, les lèvres pourpres, le trait, épais, d’eye-liner qui souligne son visage, le tout plongé dans un noir profond, obscur. S’il n’y avait pas ces yeux noircis et les indices vestimentaires, il serait difficile de dater ce portrait. Les grosses chaines à son cou nous confirment qu’il ne s'agit pas d’une peinture de la renaissance, et pourtant, tous les autres éléments sont là, prêts à nous faire douter de la réalisation.

Orianne débuta d’abord avec des études en cinéma et en criminologie, et se penchera rapidement vers la photographie.
Elle créa dès le début de la guerre en Ukraine un compte Instagram pour mettre en valeur, au travers de leurs photographies du quotidien, les civils ukrainiens coincés dans leurs pays, prêts à être oubliés. Par cela, elle propose une décentralisation du regard et une réflexion sur l’image de guerre.
C’est cet ensemble de connaissances, de baguages et de sensibilité qui se reflètent également dans ses photographies.

Le clair-obscur est un exercice difficile en photographie : il faut trouver la lumière parfaite entre le noir profond et la bonne exposition de son sujet.
Ici, les cheveux se confondent avec le fond, le regard est énigmatique, quasi inquiet, on se questionne sur ce que la jeune fille pense, ce qu’elle va faire, où elle se trouve.
Aussi touchant que chargée d’histoire, ce portrait nous fait traverser toutes les époques et nous questionne sur l’intemporalité de l’adolescence.